André Boisvert

L’expression « se mettre à table » a-t-elle perdu son sens? Pouvons-nous dire que les rituels de la table s’effritent et s’effacent? Sans doute, pourrions-nous dire que ceux-ci sont en évolution. Alors, quoi faire pour accueillir et accepter cette métamorphose ? Transformer la table ?

La vision d’une table grandiose nous habitait ; une sculpture qui s’inscrirait dans un espace nature et qui symboliserait un cycle de renaissance. Pour mettre en œuvre ce projet, nous avons fait appel à André Boisvert, un land artiste et sculpteur paysagiste qui, au fil de ses années de travail et de voyages, a développé une sensibilité hors du commun envers la matière vivante. Pratiquant l’art environnemental, l’extérieur est en partie son atelier, peu importe où il se trouve. La nature lui enseigne son art et ses manières de vivre.

Dans son univers personnel, l’artiste porte une grande attention à la mise en place quotidienne de tablées pour ses invité·es. Chaque jour, la table devient une scène imprégnée de significations, une célébration où la magie opère entre l’aliment, l’hôte et les convives.

Avec son installation Pied de poule, André invite à « se mettre à table », à se rassembler et à partager un repas. Ce qui est non seulement une proposition à nourrir le corps terrestre, mais surtout un appel à réactualiser le cérémonial autour du repas et à cultiver nos rencontres festives. Construite de tiges de saule, de vignes et de métal recyclé, la table embrasse la cour du Monastère. Un peu à la manière d’une table à pique-nique qui attend, installée dans un parc, en simple communion avec l’environnement, sans couverts, ni chandelles, ni musique.  

La table sculpturale arbore une forme triadique audacieuse sertie d’un œuf majestueux, qui fait écho à la fertilité dans l’abondance. Aménagée de jardins comestibles, elle offre aussi une expérience esthétique autant gustative qu’olfactive. À la fois symbolique et utilitaire, la table créée par André active le caractère sacré du repas et appelle aux vraies réunions.

Au rêve que nous avions de présenter une table « plus grande que nature » s’ajoute celui de l’artiste qui espère que les visiteuses et visiteurs s’assoient pour y manger.

Pour nous, cette œuvre est un rituel d’invitation à célébrer.