La Famille Plouffe

« – MAIS… Mais tu descends [l’escalier] sans toucher les marches… ?!!!

   – Ce n’est pas la première fois, maman! dit Aurélie. […]

   – Cela m’arrive lorsque je monte en disant Je vous salue Marie à chaque marche¹. »

Une famille est un collectif en perpétuel changement qui évolue en fonction des personnes qui la composent. Quel que soit le contexte de transformation d’une famille, celle-ci se redéfinit au fil du temps. Ainsi, une famille traverse de nombreux rituels propres à ses traditions et à ses valeurs. « Habiter une famille » demande une capacité d’adaptation constante face au changement. Dans le quotidien, les enfants et les adolescent·es sont les apprenti·es des rituels familiaux tout en étant celles et ceux qui les bousculent par leurs visons fantaisistes ou leurs questionnements existentiels. Être en famille, c’est décidément appartenir à une communauté évolutive et créative.

Pour Faim de rituel, il nous est apparu évident d’inviter La Famille Plouffe à réfléchir sur les rituels familiaux dans ce qu’ils ont de plus ludique et introspectif. Dans ses installations, La Famille Plouffe parle d’elle, mais aussi de nous, multipliant les références à la culture populaire, aux racines du terroir et aux petites histoires des lieux investis. Avec la sculpture activable R’monter en haut!, les Plouffe observent le rituel quotidien et réconfortant de « s’faire une toast » et, par le fait même, la famille ouvre une percée dans leur maisonnée, là où se situe l’élément central, le lieu de passage de toutes les activités : l’escalier. 

Par définition, un escalier est un espace architectural qui permet de changer de niveau dans un bâtiment, de passer d’un étage à un autre. Cependant, sorti de son contexte habituel, téléporté en nature, où l’escalier des Plouffe peut-il mener? À la fois fantastique et spirituel, il permet de s’élever et de multiplier les points de vue. En haut, qu’est-ce qui nous prend par surprise? La sensation de s’abandonner ou celle de vivre un nouveau jour ? Au fil d’une vie remplie de quêtes, l’escalier nous accompagne : on le monte à quatre pattes jusqu’à le redescendre en utilisant la main courante pour nous supporter. L’escalier propose également un espace-temps transitoire, entre le profane et le sacré, entre deux lieux, entre deux moments… histoire de transporter son lunch, sa toast.

Pour La Famille Plouffe, « s’faire une toast », à n’importe quelle heure de la journée, est symbole de réconfort, d’autant plus que le pain qui est grillé est fait maison par maman Émilie. « S’faire une toast », la manger dans l’escalier, c’est confo comme « s’mettre en pantoufles su’l bord du poêle à bois ».

Pour nous, cette œuvre est un rituel de vie quotidienne et de mémoire familiale.