Sarah Boutin

Sarah Boutin

Cour du Monastère des Sœurs adoratrices du Précieux-Sang


Gestes linceuls filets bandages écharpes canevas paniers, 2023-2025 et toujours en cours

« Le tissu de coton crème prolonge mes bras. J’agrippe, je regroupe, je tresse. Je m’associe aux fils et mes gestes les font devenir linceuls, filets, bandages, écharpes, canevas, paniers. Le tissu berce la vie du deuil et me dit : tu peux exister en joie avec la douleur. » – Sarah

 

15 photographies analogues imprimées sur feuille d’aluminium composite et tirées des séries Couvent, Mains et Des hirondelles. Installation sensible mise en relation avec le gazon, la terre, le vent et certains éléments de la cour de Monastère ayant contribué à des prières.

« je sais que les oies de la taille des colombes n’existent pas, mais le pli dans le tissu a révélé le cou d’un cygne. mon cœur m’implore de le prier. je pense aux miracles en lesquels ma grand-mère croyait, les couleurs du ciel semblent s’éclaircir ; est-ce par elles qu’on est exaucé·e·s ? » – Sarah

 

Tels de petits fruits qui reposent au creux de sa délicate main, Sarah se dépose dans l’épreuve du deuil. Elle accueille la tempête dans son corps.

Ce qui nous renverse chez Sarah, c’est sa capacité d’émerveillement devant les choses simples, sa recherche d’un souffle pour revenir à la vie, pour émerger. Interpelées par sa manière de couver la tristesse et par la tendresse qui émane de ses photographies, nous avons souhaité en faire un chemin de recueillement. Les sentiers de la cour du Monastère des Sœurs adoratrices du Précieux-Sang sont parsemés d’images provenant des séries Couvent, Mains et Des hirondelles; nous les avons choisies par ce qui les relie dans le familier et le céleste.

En fil de trame de cette série d’images nouvellement assemblées, des tissus révèlent des formes d’invisibilité. Ils se prennent dans le vent, recouvrent un lit vide, enveloppent la chair et tamisent la lumière comme les jours qui passent en créant des apparitions, des disparitions… Nous aimons penser que l’on y voit se tisser des liens entre des objets du quotidien, des rayons de soleil, de la nourriture pour oiseaux, des jardins et des fruits compotés.

Au passage, Sarah salue sœur Jacqueline qui l’accompagne dans son deuil depuis sa retraite au couvent, un lieu de réconfort où elle a pansé sa peine en préparant des confitures. Sarah traverse l’expérience immanente au deuil, elle apprend à filtrer ses souvenirs comme le tissu filtre la lumière entre deux mondes.

Pour nous, cette œuvre est un rituel d’incorporation et de reconnexion.

Sarah Boutin

Sarah Boutin

  • Née à Québec / Kbahak / Kepek, vit et travaille à Tio’tia:ke / Mooniyang / Montréal.
  • Titulaire d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques, elle poursuit une maîtrise double en arts visuels et médiatiques et en création littéraire. Autrice et travailleuse culturelle, elle est également enseignante en création littéraire, poésie et art vidéo.
  • Vidéoperformance, photographie, installation, sculpture, poésie, récit fantomatique de corps, « prière » portée par un souffle, désir de se lier au vivant comme des pierres, des lilas et des framboises.
Carrie Allison, Plot (détail), perle toho sur lin, 2018
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Carrie Allison, Plot (détail), perle toho sur lin, 2018

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Carrie Allison, Plot, perle toho sur lin, 2018

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Carrie Allison, Plot, perle toho sur lin, 2018