Sarah Boutin et Catherine Anne Laranjo

« Nos voix se répondent comme elles le font dans les poèmes. » – Les digéreuses

Être en deuil arrive. Et ça traverse notre existence.

Perdre un proche est une expérience sacrée qui nous apprend à ressentir autrement la présence de la personne qui est disparue. Ce processus d’adaptation à une nouvelle vie modifie notre manière de percevoir, de toucher, de parler, de goûter, d’aimer et de vivre. Quoi faire de cette expérience à ce point intime?

Sarah Boutin et Catherine Anne Laranjo traversent chacune un deuil; toutefois, elles prennent le temps de le faire ensemble. Depuis plus de cinq années, par le biais d’une correspondance construite de pensées, de rêveries poétiques et d’images, elles partagent à distance leurs expériences sensorielles qui se trouvent, entre autres, altérées par la perte d’une personne chère.

Pour Faim de rituel, elles offrent neuf extraits de leur correspondance, dans lesquels elles échangent sur des rituels de vie liés à la nourriture, la prière, la cuisine, la digestion, la température, la nature… Sarah et Catherine Anne bercent leur solitude; elles sympathisent. Les deux femmes se rendent disponibles l’une pour l’autre afin de soigner leurs peines.

Par cette œuvre sonore, les deux artistes mettent de l’avant leur amour des mots. Pour l’écrivaine-voyageuse Catherine Anne, cet amour s’incarne dans une « vie-poésie »; tandis que pour Sarah, qui combine des pratiques plastiques et littéraires, c’est dans la création d’« espaces-prières » qu’il se manifeste. En proposant leur correspondance sous la forme d’une conversation enregistrée, elles permettent d’entendre leurs voix traverser leurs corps et les silences ponctuer le temps.

Pour apprécier l’œuvre, nous proposons une expérience d’écoute en nature, dédiant ainsi aux digéreuses un espace-temps qui invite aux déplacements et aux changements d’état. Qu’elle se fasse en marche dans les sentiers, allongé·e dans l’herbe ou en position méditative sur un banc, l’expérience de l’œuvre dans la cour du Monastère appartient à chacun·e. De la même façon que traverser un deuil révèle notre manière éminemment personnelle de vivre et d’entrer en relation avec ce qui nous entoure.

Pour bercer le regard, l’œuvre sonore est accompagnée d’une planche d’images en coïncidence intime avec les mots.

Pour nous, cette œuvre est un rituel d’amitié pour bercer et porter le deuil.